Il est de ces soirs où le football touche au divin. Des soirs où un enfant écrit l’histoire devant nos yeux ébahis, devant des millions de regards incrédules. Ce 30 mars, face à l’Inter Milan, Lamine Yamal, 17 ans, a transcendé son âge, son statut, son époque. Et dans le fracas d’un match de légende, une question : et si le Ballon d’Or, c’était déjà pour lui ?
Il est rare qu’un match suffise à tout changer. Rares sont ceux qui, à 17 ans, bousculent les hiérarchies, défient les logiques, renversent les certitudes. Mais Yamal ne semble suivre aucun schéma. Il les redessine.
Face à l’Inter, dans le théâtre d’une demi-finale de Ligue des Champions, le gamin a livré une prestation que même les dieux du jeu n’ont connue si tôt. Fulgurances, dribbles, passes, replis d’adulte, but d’instinct… et tellement de reins cassés défenseurs. À 17 ans, Lamine Yamal a dansé devant nos yeux, comme si c’était normal.
Même Bastoni, pourtant adversaire du soir, en est resté bouche bée : « Défendre Lamine Yamal ? Réponse facile, c’est le meilleur joueur du monde. C’est la vérité. » Comment contredire un homme qui l’a affronté de si près ?
On ne parle pas ici d’un jeune prometteur. On parle d’un phénomène. À 17 ans, Cristiano Ronaldo apprenait encore à canaliser son feu au Sporting (19 apparitions – 5 buts – 4 passes décisives. Messi n’était qu’un espoir frêle mais encore timide (9 apparitions – 1 but). Yamal, lui, a déjà 100 apparitions avec le Barça, 22 buts, 33 passes décisives… et l’autorité tranquille d’un vétéran. Le dribble quand il faut. La passe quand c’est juste. Le but quand le destin l’exige. Il ne joue pas : il orchestre.
Ce soir-là, face à l’Inter, il n’a pas seulement été bon. Il a rappelé ce pour quoi on aime ce sport. Il a fait vibrer une de ces corde que seuls les élus savent toucher. Le foot dans sa pureté, sa grâce, son imprévisibilité. Ce qu’on appelle le génie. Il y a des joueurs qui empilent les chiffres. Et puis il y a ceux qui écrivent des souvenirs. Lamine Yamal est de ceux-là. Et dans un monde parfois trop obnubilé par les statistiques, sa partition contre l’Inter est un manifeste pour le football que l’on aime, le football qui nous manque, le football qui mérite d’être couronné par la balle dorée.
Alors oui, pourquoi pas lui ? Dembélé, Pedri, Raphinha… tous brillent. Mais aucun n’a eu l’impact symbolique, esthétique, émotionnel de Yamal cette saison, surtout face à cet Inter. S’il offre à Barcelone une Ligue des Champions — voire un triplé — son nom ne sera plus en lice. Il sera en haut.
Et si le Ballon d’Or revenait cette année non pas au plus régulier, mais au plus inspirant ? Non pas à celui qui a tout gagné, mais à celui qui nous a tout donné ? Qui a osé nous faire repenser que le football n’était pas encore mort ? Et si on osait croire qu’un adolescent pouvait déjà être l’élu ?
Ce serait un saut dans l’histoire : plus jeune lauréat du Ballon d’Or, devant le Ronaldo de 1997. Et à vrai dire… pourquoi attendre ?
Parce que le football, quand il est si grand, ne connaît ni couleurs ni rancunes. Même moi, madrilène de cœur, je m’incline.