Entre talent immense, conflits à répétition et rendez-vous manqués, plongée dans le parcours tumultueux d’un génie incompris.
Hatem Ben Arfa, c’est l’histoire d’un talent pur, d’un joueur capable de faire rêver les foules avec ses dribbles et sa technique hors normes. Pourtant, malgré ses qualités évidentes, sa carrière est marquée par des conflits, des blessures et des opportunités gâchées. Comment un joueur aussi doué a-t-il pu devenir l’un des plus grands « et si » du football français ? Retour sur le parcours chaotique d’un génie incompris.
Les débuts prometteurs : L’étoile montante de Clairefontaine
Né le 7 mars 1987 à Clamart, Hatem Ben Arfa grandit dans une famille passionnée de football. Son père, d’origine tunisienne, a même porté les couleurs de l’équipe nationale. Très tôt, le jeune Hatem montre des prédispositions exceptionnelles avec le ballon.
Repéré par l’INF Clairefontaine, il devient la star du fameux show À la Clairefontaine, diffusé sur Canal+. Ses dribbles et son audace font sensation, mais ses premiers accrocs apparaissent déjà, comme son altercation avec Abou Diaby, révélatrice de son tempérament explosif.
Lyon : Les premières désillusions
À 14 ans, Ben Arfa rejoint l’Olympique Lyonnais, où il forme un duo prometteur avec Karim Benzema. Malgré des performances en équipe de jeunes, notamment lors de l’Euro U17 remporté en 2004, il peine à s’imposer en professionnel. Sous les ordres de Paul Le Guen puis Gérard Houllier, il est souvent relégué au banc, ce qui alimente sa frustration. Les tensions montent, notamment avec son président Jean-Michel Aulas, qui critique publiquement son manque d’investissement.
En 2008, après plusieurs titres de champion de France, Ben Arfa quitte Lyon pour l’Olympique de Marseille, non sans avoir déclenché une polémique sur des primes non versées.
Marseille : Le rêve tourne au cauchemar
À l’OM, Ben Arfa connaît des débuts tonitruants, marquant dès son premier match. Mais les conflits ne tardent pas à resurgir. Sous les ordres de Didier Deschamps, il se heurte à l’exigence du coach, qui ne tolère pas ses écarts de comportement.
En 2010, après une altercation avec Deschamps, il est écarté du groupe pour le Classico face au PSG. Malgré un titre de champion de France en 2010, Ben Arfa quitte Marseille dans la controverse, accusant le club de ne pas respecter ses engagements.
Newcastle : La renaissance avortée
En 2010, Ben Arfa s’envole pour l’Angleterre et Newcastle. Ses débuts sont prometteurs, mais une grave blessure causée par un tacle de Nigel de Jong le tient éloigné des terrains pendant plusieurs mois. À son retour, il enchante les supporters avec des performances de haut vol, notamment un but mémorable contre Blackburn.
Pourtant, les conflits reprennent, cette fois avec l’entraîneur Alan Pardew, qui le qualifie d’ »impossible à gérer ». En 2014, il est prêté à Hull City, où il connaît l’un des pires passages de sa carrière, courant notamment moins que son gardien lors d’un match face à Manchester United.
Nice : Le sursaut inattendu
En 2015, Ben Arfa signe à Nice et retrouve son meilleur niveau. Avec 17 buts et 6 passes décisives, il est l’un des meilleurs joueurs de Ligue 1 et retrouve même l’équipe de France. Son talent semble enfin récompensé, mais cette renaissance est de courte durée.
En 2016, il rejoint le Paris Saint-Germain, le club de ses rêves, mais son passage tourne au fiasco. Mis à l’écart par Unai Emery, il ne joue quasiment pas et finit par s’en prendre publiquement à l’entraîneur et au président Nasser Al-Khelaïfi. Résultat : une saison blanche et une mise à l’écart totale.
La chute : De Rennes à l’oubli
Après son départ du PSG, Ben Arfa rebondit à Rennes, où il retrouve un peu de plaisir. Il participe même à la victoire en Coupe de France 2019, prenant une revanche symbolique sur le PSG en finale. Mais les conflits reprennent, cette fois avec le président Olivier Létang.
En 2020, il signe à Valladolid, puis à Bordeaux et Lille, mais sans jamais retrouver son plein potentiel. En 2022, il annonce sa retraite sportive, mettant fin à une carrière pleine de promesses non tenues.
Ainsi, Ben Arfa reste l’un des talents les plus purs du football français. Capable de dribbles incroyables et de moments de génie, il a aussi été victime de son tempérament, de blessures et de conflits à répétition. Son histoire pose une question : était-il simplement trop fragile pour le monde impitoyable du football de haut niveau, ou a-t-il été victime d’un système qui n’a pas su le comprendre ?
Une chose est sûre : Ben Arfa restera à jamais l’un des plus grands « et si » du football français.