Zidane était-il un joueur surcoté ou bien un véritable génie du football ? Retour sur une carrière aussi brillante qu’irrégulière.
S’il y a bien une chose que personne ne peut nier, c’est que Zinédine Zidane respirait le football. Son toucher de balle était une caresse, sa vision du jeu une révélation, son élégance un spectacle. Oui, il était lent. Mais qui a jamais exigé d’un numéro 10 qu’il batte Usain Bolt ? Zidane voyait tout avant tout le monde, ses crochets hypnotisaient, ses roulettes rendaient fous les défenseurs, et sa frappe de balle ? Une poésie aussi pure que parfaite, que ce soit du gauche ou du droit.
Pour preuve de cette fascination, un documentaire entier, « Zidane, un portrait du XXIe siècle », a été réalisé en filmant uniquement ses déplacements lors d’un match. Une preuve ultime de son aura ? Peut-être. Un échec commercial ? Assurément.
Des statistiques qui interrogent ?
Le principal reproche fait à Zidane aujourd’hui concerne ses statistiques. Les générations Messi-Ronaldo ont changé notre regard sur le football : un grand joueur doit briller dans les chiffres. Or, Zidane n’a jamais été un monstre statistique. Une dizaine de buts par saison, une quinzaine de passes décisives, loin des standards des actuels milieux offensifs.
Mais juge-t-on réellement Zidane à sa juste valeur en le comparant aux cyborgs modernes ? À son époque, un meneur de jeu n’avait pas vocation à empiler les buts comme un attaquant. Platini et Cruyff affichaient de meilleures stats, certes, mais Zidane brillait dans l’art de faire briller les autres. Prenons Kevin De Bruyne ou Angel Di María aujourd’hui : plus prolifiques que Zidane, mais qui les place au même niveau en termes d’impact sur le jeu ? Peu de monde.
Un joueur des grands soirs
S’il y a une chose que même ses détracteurs ne peuvent lui retirer, c’est son sens des grandes occasions. Zidane n’était pas un joueur de championnat, il était un homme des moments-clés. Sa finale de Coupe du Monde 1998, avec son doublé de la tête, reste gravée dans la mémoire collective. Son Euro 2000 fut un chef-d’œuvre, et son parcours en Coupe du Monde 2006 une symphonie inachevée. Aussi, En club, on ne peut ignorer sa légendaire volée en finale de la Ligue des Champions 2002 avec le Real Madrid contre Leverkusen. Un but d’anthologie, symbole d’un joueur qui savait être là quand il le fallait.
Et que dire de son influence sur ses équipes ? À Bordeaux en 1996, c’est lui qui emmène les Girondins jusqu’en finale de Coupe UEFA. À la Juventus, il devient le maître à jouer de la Vieille Dame. Et au Real Madrid, malgré des saisons parfois irrégulières, il reste l’âme des Galactiques.
Un palmarès doré, une carrière en montagnes russes
Son palmarès parle pour lui : Coupe du Monde 1998, Euro 2000, Ligue des Champions 2002, Ballon d’Or 1998, champion d’Italie et d’Espagne… Peu de joueurs peuvent en dire autant. Mais Zidane n’a pas toujours été un modèle de constance.
À Bordeaux, il tarde à éclore. À la Juve, il met du temps à s’imposer avant de devenir incontournable. Même au Real Madrid, ses dernières saisons sont marquées par une baisse de régime. Son Ballon d’Or 1998, s’il semble évident après la Coupe du Monde, a été critiqué : Ronaldo ou Bergkamp avaient des arguments solides.
Finalement, Zidane n’aura eu que trois à quatre années réellement au sommet, entre 2000 et 2003. Un peu court pour certains. Suffisant pour marquer l’histoire pour d’autres.
Alors, surcoté ou légende ?
Zidane était-il un joueur surcoté ? Ceux qui ne jurent que par les statistiques auront du mal à le placer au sommet. Mais réduire le football aux chiffres, c’est ignorer ce qui fait son essence. Zidane, c’était une gestuelle, une façon unique d’incarner le jeu, un talent brut qui transcendait le jeu.
Oui, il a connu des hauts et des bas. Oui, d’autres légendes ont été plus régulières. Mais des joueurs capables de marquer une époque par leur simple présence sur le terrain sont rares. Et Zidane, qu’on le veuille ou non, en faisait partie.
Un génie imparfait, mais un génie tout de même.