On ne peut plus le cacher, le Raja de Casablanca traverse une tempête. Après trois journées en phase de groupes de la Ligue des champions de la CAF, les rajaouis ne comptent qu’un point.
La défaite du jour contre les Sud-Africains du Mamelodi Sundowns (1-0), dans leur imprenable bastion du Loftus Versfeld, n’a fait que confirmer une tendance inquiétante. L’élimination prématurée, inimaginable il y a encore quelques mois, semble désormais, à moins d’un miracle, quasi inéluctable. Et pourtant, dire que les Verts n’avaient pas les moyens de rivaliser serait un mensonge. Le Raja avait sa chance, mais l’a laissé filer. Cette prestation fade soulève des questions aussi nombreuses qu’inquiétantes, à commencer par le contraste saisissant entre l’équipe d’hier et celle d’aujourd’hui.
Que reste-t-il du Raja d’hier ?
Comment expliquer qu’une équipe invaincue la saison passée, auréolée d’un doublé historique (Botola Pro et Coupe du Trône), puisse sombrer ainsi moins d’un an après ? La dynamique du Raja 2023/2024, portée par un jeu séduisant et équilibré, semble n’être qu’un lointain souvenir. Certes, l’entraîneur a changé – Josef Zinnbauer cédant sa place au controversé Sá Pinto– mais cela suffit-il à justifier cette métamorphose ?
Les joueurs, eux, apparaissent méconnaissables. Physiquement, ils sont à bout de souffle. Tactiquement, ils errent sans but. Individuellement, ils sont incapables de briller. Que s’est-il passé pour que cet effectif, si sûr de sa force il y a encore quelques mois, perde autant en confiance et en impact ?
Une part de la responsabilité incombe naturellement à l’entraîneur. Les choix de SA Pinto intriguent, voire agacent. Pourquoi se priver de Saber Bougrine, l’un des rares joueurs capables de faire la différence grâce à sa vision et ses passes à même de casser les lignes ? Sa non-titularisation a laissé l’équipe sans imagination ni liant. Son entrée tardive, après l’ouverture du score sud-africaine, a immédiatement redynamisé les attaques casablancaises, preuve que son absence dès le coup d’envoi était une erreur stratégique.
Ce n’est pas tout. Les tensions entre Pinto et ses joueurs sont de plus en plus palpables. À deux reprises, on a vu des consignes ignorées sur le terrain, comme ces relances courtes que Zniti persiste à tenter malgré les directives de son coach de jouer long. Une fracture est en train de se creuser, menaçant davantage l’harmonie du groupe. Le goufre est tel qu’au vu des prestations de l’équipe, la menace d’une saison blanche plane déjà sur le club.
La question qui hante les supporters est simple : comment une équipe ayant lutté si durement pour décrocher sa place en Ligue des champions peut-elle offrir des performances aussi ternes et insipides ? La régression du Raja relève presque de l’inexplicable, si ce n’est du désastre organisé.
Alors que les rêves d’un parcours glorieux sur la scène continentale s’effacent, il serait peut-être temps pour le club, ses joueurs, son staff technique et ses dirigeants de se remettre en question. L’histoire récente a prouvé que ce club avait les ressources pour rebondir, mais encore faut-il en avoir la volonté et le leadership nécessaire.
La prochaine sortie en Ligue des champions leur sera peut-être fatale dans leur quête du prochain tour, mais elle pourrait aussi en dire long sur l’avenir d’un club en quête de réponses et, surtout, d’identité, ce qui a toujours fait partie intégrante du club, peu importe les époques qu’il a traversé.