Imaginez un seul instant que vous êtes le créateur des super nanas. Entre vos mains, un grand récipient ou une marmite façon Astérix et Obélix et des condiments des plus exquis, histoire de créer un produit fini révolutionnaire.
Niveau ingrédients, on compte : la vitesse supersonique de Mbappé, la finition diabolique de Cr7, la vision de jeu miracle de Messi, le côté félin d’Eto’o et Henry, la roublardise de Suarez, l’altruisme de Benzema ….ajoutez y un soupçon de la puissance brute d’un Ibra ou d’un Drogba et vous obtiendrez ….. Le Super Saiyan Goddo de Goku et Vegeta !!!
Rassurez vous, ce résultat totalement lunaire est le fruit de mon imagination. Les Saiyajins n’existent pas (bien dommage ) au même titre que les Super Nanas. Par contre, un joueur qui fête en ce 22 septembre ses 47 bougies comportait toutes les qualités des monstres précités. Mesdames et Messieurs : Luis Nazario De Lima alias « O Fenomeno » Ronaldo…..
Ceci n’est pas une énième ode à la carrière hors norme de R9 (KWAYRI a déjà honoré le phénomène il y a trois ans) mais plus un questionnement philosophique. Un « What If ? », qui nous permettra peut-être, humbles observateurs de foot que nous sommes, de s’imaginer où en serait R9 si ce n’est ces foutus tendons rotuliens.

Pour de nombreux spécialistes et selon les témoignages de ses pairs, prédécesseurs et héritiers de son style de jeu d’avant-centre avant-gardiste, Ronaldo aurait pu prétendre à des hauteurs dignes de Messi et de Cristiano.
Je vous vois venir …. Comment un gars qui n’a pas gagné la LDC de son vivant et qui n’a que deux petits ballons d’or dans sa besace peut être mis à la table des deux GOATS du 21 ème siècle ? Les arguments favorables sont assez flagrants pourtant.
Un talent brut invraisemblable largement en avance sur son temps :
A cet argument, il suffit de replonger dans la meilleure saison d’O Fenomeno : l’exercice 1996/1997. La comète Brésilienne venait de sortir de deux saisons d’initiation au football européen sous les couleurs du PSV Eindhoven et de signer dans foulée, au Barça.
Le Camp Nou assistait cette année là, à l’explosion d’un extraterrestre. Du haut des ses 20 ans seulement, Ronaldo présentait la panoplie complète : un condensé de puissance, de technique hors norme, de changement de directions aussi soudains qu’éclairs….Les supporters Blaugranas en avaient pour leur argent. Chaque sortie d’un Barça post « Dream Team », portait le sceau des fulgurances et buts spectaculaires de R9.
A l’époque, pas de Barça au jeu ultra léché façon tiki taka de Pep Guardiola. Ce dernier assistait du milieu de terrain aux exploits ahurissants de l’attaquant ultime par excellence. Au bout de sa seule et unique saison sous les couleurs culés, Ronaldo culmina à 47 buts en 49 matchs disputés. Il termina pichichi de la LIGA avec 37 pions et aida le club à se faire un petit triplé de Coupes (Copa Del Rey – Supercopa – Coupes des Clubs Vainqueurs de Coupes). Il gagna également la COPA AMERICA 97, terminant meilleur joueur et second au classement des artilleurs de l’édition Bolivienne. Autre record en seulement 3 ans au plus haut niveau….le Ballon d’Or FF alors que le bougre était à peine en âge légal de rentrer en boîte. Une dinguerie pour le football des années 90.

Il semblait alors à même de dominer la planète foot de la tête aux pieds avec une facilité déconcertante. Cette période regorgeait pourtant de grands attaquants (Batistuta, Bierhoff, Kluivert, Zamorano, Salas, Crespo….) mais lui était bien différent. Une sorte de Benzema vintage, puisqu’O Fenomeno était plus finisseur que son plus grand disciple. Il était tout aussi dangereux dans la profondeur, lancé à l’assaut de la surface adverse et avec des mètres à bouffer à son vis-à-vis que dos au but quand il fallait combiner avec son milieu.
Même lors des années « noires » à l’Inter (de 98 à 2002), le phénomène trouvait le moyen de martyrisait l’Italie. Pour l’anecdote, il suffit de se repasser les yeux dans les Bleus pour comprendre l’aura du natif de Bento Ribeiro. A la veille du 12 juillet 98, Desailly et Thuram, de gros clients de R9 en Série A briefaient Lebeoeuf, sur la posture à adopter au marquage de Ronaldo …. Le fameux « Oh !!!! A Milan, il me l’a fait, la balle tu la vois plus » de Marcel, comme une louange au fait que R9 était non seulement un soliste mais aussi un buffle au démarrage capable de se servir de sa masse musculaire pour vous mettre hors course…..Son gabarit justement, source des ces déboires aux genoux.
Foot Business, médecine douteuse : Ronaldo, la comète ternie par son environnement
La carrière de Ronaldo peut être scindée en deux cycles distincts : L’avant 12 avril 2000 et le lendemain de ce mercredi noir.
Avant ce sombre, macabre et triste souvenir, R9 vécu déjà des prémisses à cet effondrement total. En 95/96 déjà, il manqua la quasi-totalité des rencontres disputés par le PSV. La machine Brésilienne faisait poser aux médecins de l’époque pleins de questionnements : comment entretenir l’ossature fragile d’un joueur au style assez explosif qui présentait des genoux particuliers ?
Car oui, chez Ronaldo même sa masse osseuse était atypique, au même titre que son talent. Il fallait que l’étoile brille de mille feux coûte que coûte et enchaîne les matchs. R9 symbolisait l’avènement du football business : celui qui fait dépenser des fortunes à l’équipementier en image de marque, qui fait exploser les recettes des droits TV….. Celui qui en même temps fait rêver les jeunes en quête de gloire sur et dehors des terrains.

Il souffrait déjà d’une tendinite récurrente au genou gauche qui couplé à un physique plutôt frêle, mettait à mal son rendement monstrueux. Les « médecins » lui administraient pleins d’anabolisants et de créatine, histoire que le phénomène s’épaississe pour multiplier les exploits sur les rectangles verts. Plus de muscles donc plus de courses, plus de passements de jambes et par conséquent plus de buts. L’étoile filante semblait telle un TGV à l’assaut de tous les trophées et distinctions imaginables. Pourtant, la veille même de la finale du Mondial 98, le destin merveilleux de Ronaldo prit une tournure pour le moins funeste.
Des convulsions épileptiques faillirent lui coûter la vie ce soir là. Près de trente ans plus tard, Carlos, Cafu, Zé Roberto, Leonardo ou encore Edmundo s’en rappellent encore. Leur coéquipier déjà au sommet de son art à même pas 22 ans allait brusquement quitter ce bas-monde.
Sous fonds de soupçons de corruption, d’éventuelle intoxication, d’effets secondaires à force d’anti-inflammatoire et de médicaments ou suite à une grosse pression pour les épaules d’un gars dont les contemporains passent leur examens supérieurs ….le mystère de cette première crise et décadence d’O Fenomeno est toujours classé confidentiel. Est-ce que Nike et la CBF en sont parties prenantes ? Fort probable, tant Ronaldo était leur égérie et la première victime du football business.
N’étant plus que l’ombre de lui-même, Ronaldo vécu de 98 à 2002 biens des déboires. Physiques avec ses absences constantes et sportives avec la chute de son Inter de prétendant sérieux au Scudetto à difficilement qualifié en Coupe UEFA ou rescapé de l’anecdotique Coupe Intertoto. Il subit une première grosse alerte le 21 Novembre 1999 face à Leece (rupture partielle du tendon rotulien du genou droit), fut remis sur pied plutôt que prévu pour tenter de sauver la saison des Nerrazuri en finale aller de Coppa Italia face à la Lazio de Nedved, Simeone et Nesta.
Six minutes suffirent pour que le plus grand joueur de sa génération, le joyau rare s’effondre complètement. Dans un Olimpico refroidit, la flamme s’éteint subitement elle ne se rallumera que deux ans plus tard……Ronaldo était bel et bien une Joconde meurtrie par l’avidité de son entourage.
Est-ce qu’il pouvait aisément s’asseoir à la table de Messi et CR7 ? La réponse à cette question ne peut qu’être affirmative. Le phénomène a claqué de 1993 à 2011, clubs et sélection confondus, le total affolant de 414 buts en 616 matchs disputés, sachant que ses genoux lui font perdre beaucoup de rencontres et toute une saison (2000-2001)….. Ce monstre nous a vraiment laissé sur notre faim, d’où la beauté de sa légende et la résonnance de son mythe.
Avec plus de discipline, aurait il atteint la barre des 600, 700, 800 buts en carrière ? Et s’il avait en club des joueurs de la trempe de Xavi et Iniesta ? Modric ? Kroos ? Casemiro ? Di Maria ? Xabi Alonso ?
N’oublions pas que depuis son retrait de la Seleçao, aucun autre attaquant n’a réussi à porter le légendaire 9 Auriverde derrière. Depuis le 30 Juin 2002, au Yokohoma Stadium, le Brésil est resté bloqué à la Penta…. Ronaldo est le dernier brésilien à avoir marqué en finale. Le débat est définitivement clos.
Younes CHARIFI