Si vous aviez à visiter Rome, ses monuments, ses places et son fameux colisée, n’hésitez pas à explorer les ruelles de ses quartiers populaires et peut être que vous le trouverez. Ce mur où Francesco Totti trône comme symbole, son bras levé vers le ciel comme s’il annonçait, une après midi du 17 juin 2001 que son règne s’étendrait à jamais dans l’éternité d’une ville qu’il a érigé au rang de culte absolu.
Ah le football romantique !! Celui que nous, les passionnés adorons plus que tout. Celui qui est représenté par des joueurs qui ont choisi l’amour du peuple, des ultras et des fans plutôt que de suivre les gros contrats juteux. Le football nous en a donné des spécimens de fidélité, des gars qui ont porté la même tunique pendant toute une vie : Maldini, Xavi, Iniesta, Baresi….. que des noms dont le maître mot a été la loyauté de leurs début jusqu’à leur dernier baroud d’honneur. Et il y’a Francesco Totti, celui qui est né à Rome, a vécu à Rome, respire Rome et mourrira certainement à Rome. Né le 27 septembre 1976, Francesco a depuis ses bablubtiements, était imprégné de la religion giallorosso. Ses parents étant de fervents romanista, le petit Francesco baigna donc naturellement dans cet environnement acquis à la cause de la louve. Il poussait alors le cuire durant son enfance sur les pavées de Trastevere, un chaudron populaire regroupant les plus fervents supporters de la Roma puis fît ses classes au Fortitudo, au Smit Trastevere puis à l’As Lodgiani.
Très vite, le nom de Totti circule un peu partout dans les travées de Rome. Il tape dans l’œil des scouts de la Roma et des frères ennemis laziale. Tout naturellement et dans la continuité de la tradition familiale, Francesco rejoint le centre de formation de l’As Roma à 13 ans. Il commence déjà à se faire nom, fait ses classes avec le groupe pro et est considéré comme le meilleur jeune du centre de formation. Exposé alors à la pression médiatique, Francesco à la chance d’être entouré par des entraîneurs aguerris à l’image de Vujadin Boskov ou Carlo Mazzone, qui suivaient alors sa progression de très près et veillaient à le protéger de l’engouement autour de lui.
C’est justement ce même Boskov qui lancera Francesco dans le bain de la Serie A le 28 mars 1993, face à Brescia pour deux petites minutes. Une première saison d’initiation où Totti prendra part à seulement deux rencontres de championnat et ne fera en aucun cas partie du groupe qui se hissera jusqu’en finale de la Coppa Italia. Il approchera alors son idole Giannini, qu’il remplacera plus tard dans le cœur des tifosis.

La saison 94-95, verra Francesco s’installait définitivement dans le groupe de Carlo Mazzone : il inscrira son premier but dans son fief de l’Olimpico face à Foggia en septembre 94 et permettra, à travers ses 21 participations et ses quatres réalisations à qualifier la Roma en Coupe UEFA. Il découvre donc l’Europe la saison d’après, se fait éliminer en quart de finale de la compétition, mais marque peu en Serie A (seulement quatre buts en 36 match disputés). Sa louve terminera néanmoins cinquième et rejouera en 96-97 la C3. Durant cette année 1996, Totti découvrira aussi la Squadra Azzura, convoqué pour un stage de préparation en marge de l’Euro 96, qui se jouera l’été en Angleterre, Totti affine son apprentissage sous la houlette d’Ariggo Sacchi et côtoie de près les fuoriclasse que sont Maldini, Baggio, Albertini, Costacurta ou encore Chiesa. Le légendaire coach du grand Milan AC du début des années 90, juge Franceso comme étant prometteur mais toujours en manque d’expériences. Il sera alors retenu pour le championnat d’Europe Espoirs aux côtés de Buffon, Nesta et Cannavaro. Il inscrira le but victorieux en demie finale face à la France, et sera dans la partie lors de la finale glannée aux tirs au buts à Barcelone, contre l’Espagne de Raul ou encore De La Pena. La saison 96-97 sera plus que compliquée pour la Roma, des changements de caoch récurrents et une décevant douxième place en Serie A. Le parcours européen de la louve sera tout aussi chaotique, avec une élimination en seizième de finale de Coupe UEFA. L’impatience des tifosi, se faisaient alors ressentir, eux qui attendent un Scudetto depuis 1983 et voyait leur rival Laziale sous la houlette de Znedek Zeman, affichait un jeu chatoyant et se classant parmi les trois premiers pour deux saisons d’affilées. Ce même Zeman, partisan d’un jeu offensif en 4-3-3 où les ailes sont très sollicitées, s’engagera avec la Roma à l’été 97 et fera de Francesco Totti, sa pièce maîtresse, son homme providentiel. Un shéma tactique certes rigide, Totti étant cantonné sur l’aile gauche, mais qui constituera un moment charnière pour le gladiteur de Rome puisque toutes ses qualités offensive seront mises en avant. Pour la saison 97-98, Totti inscria treize buts en trentes matchs de Serie A et enverra la Roma en Coupe Uefa après une encourageante quatrième place. La plupart des observateurs voient alors Cesare Maldini, sélectionneur de la Nazionale, emmener dans son groupe la nouvelle tête d’affiche du foot italien et l’enfant chéri de la Louve au Mondial 98.

C’était trop tard puisque Franceso était à cette époque barré par un Del Piero stratosphérique avec la Juve. A l’aube de la saison 98-99, la relation entre Totti et Zeman est au plus beau fixe, à la plus grande joie du peuple Giallorosso. Comme un signe, il reçoit d’Aldair, le brassard de capitaine et assume donc à présent la responsabilité de faire briller la louve dans un championnat disputé. Il fera une de ses saisons la plus accomplies statistiquement (16 buts et 18 passes décisives). Une nouvelle fois, la Roma atteindra la cinquième place de coupe UEFA, synomyme de C3 et se hissera jusqu’en quart de finale de l’édition 99 qui sera finalement remporté par Parme. Cette saison certes honorable, aura raison du mandat de Zeman sur le banc Romain. La controverse provoquée par ses accusations de dopage à l’encontre de la Juve, alimentera les gros titres de la presse transalpine et malgré le victoire 3-1, lors du derby qui privera la Lazio du titre, le tchèque sera remercié en fin de saison puis remplacé par Fabio Capello en juillet. Une saison 99-2000 en demie teinte pour Francesco et les siens, car malgré l’arrivée de Capello, la Roma ne fera pas mieux qu’une sixième place et comble du déshonheur, verra impuissante la Lazio faire le doublé Scudetto-Coppa Italia, un affront de taille. Il inscrira tout de même 8 buts en Serie A pour 10 passes décisives et sera sacré meilleur joueur de Serie A, confortant un peu plus sa place comme nouveau meneur de jeu de la Squadra.

Totti en effet, profitera de la longue absence de son rival et ami, Del Piero, pour s’imposer aux avant postes en équipe nationale et sera de la partie à l’Euro 2000. C’est lors de ce tournoi tenu conjointement en Belgique et aux Pays Bas qu’Il Capitano, se montrera à la face du monde entier. Au sein d’un groupe particulièrement relevé, comportant la Belgique, les surprenants Turques et la Suède, la nazionale fera un sans faute, totalisant 3 victoires sur 3, Francesco inscrivant au passage le premier but de la rencontre face à la Belgique en plein Roi Baudoin de Bruxelles. Il reviendra à la charge en ouvrant le bal lors du quart de finale opposant l’Italie à la Roumanie et fera l’étalage de toute sa classe et son génie, lorsqu’il inscrira une panenka lors de la séance de tirs aux buts face à l’armada néerlandaise. Malgré un énième coup d’éclat en finale, une merveille de talonnade qui ouvrira l’espace à Pessotto pour un centre millimitré vers son compère Romain, Marco Delvecchio, l’Italie s’inclinera tout de même en finale au détriment de la France. Cruelle sort pour Totti, mais bel apprentissage du haut niveau international. De retour à Rome, ses ambitions de titre se virent revigorés par l’arrivée du buteur de la Viola, Gabriel Batitusta.

En compagnie de Batigol, Delvecchio, Montella l’aeroplanino, Cafu, Aldair, Tommasi et bien d’autres nom, la Roma sera sacrée le 17 juin 2001 dans un Olimpico en transe au nez et à la barbe de la Juve et de la Lazio. Franceso deviendra alors le symbole, l’icône de toute une ville. La Roma sufera sur la vague de son succès historique en championnat, remportant la supercoupe d’Italie face à la Viola en août 2001, terminera deuxième à un seul petit point de la Juve en championnat et s’offrira des prestations de haut vol en ligue des champions dont un cinglant 3-0 contre le Barça. Francesco fait alors des meilleurs joueurs du monde de l’époque, et les sirènes des plus grandes écuries européennes se font ressentir. Il fera une coupe du monde 2002 catastrophique, son apport étant quasi inexistant puisqu’il sera la cible des défenses adverses et surtout celle de la Corée du Sud en huitième de finale, où il reçevra un carton rouge sévère pour une supposée simulation. L’Italie sera annulé lors de ce match scandaleux sur un but en or de Ahnn Jung-Hwan, pensionnaire de Perugia. Pour la saison 2002 -2003, les quatorze buts de Francesco ne suffiront pas à éviter à la Roma une bien triste huitième place. Il s’offrira quand même des prestations de haut vol sur la scène européenne, notamment face aux Galactiques du Real Madrid tenant du titre en C1.

Les convoitises autour de Totti battent alors leur plein. Il constitue alors le fantasme de Perez, souhaitant faire de lui son nouveau galactique en l’associant à Ronaldo, Zidane, Figo et Raul, sera annoncé au richissime et puissant Milan AC et aurait pu alors devenir le transfert le plus cher de l’histoire s’il avait rejoint Chelsea, Abrahamovitch étant prêt à aligner 120 millions d’euros pour l’acquérir. Il est alors un des meilleurs joueurs du monde en compagnie des Henry, Zidane, Nedved ou encore Ronaldinho. Lui et sa Roma, lutteront à armes égales avec le grand Milan AC avant de céder le titre un dimanche après midi au San Siro, face aux Rossoneri porté par un Schevshenko de gala, un Kaka respledissant et un Pirlo dominant. Il fera trembler les filets à 20 reprises en 31 rencontres, terminant la saison 2004 à la 3 ème place dans la course au Copacannoniere. Alors qu’on l’attendait au tournant de l’euro Portugais, Totti quitera prématurément la compétition après avoir écopé de trois matchs de suspension suite à un crachat au visage du Dannois Christian Poulsen. Il assistera donc impuissant à l’élimination de la Squadra au profit du duo scandinave Danemark Suède.

La saison 2004-2005, sera chaotique pour la Roma. Le club joue aux chaises musicales et éjecte chaque entraîneur se succédant sur son banc : Prandelli, Voller, Luigi Del Neri et Bruno Conti seront un à un limogé par la Roma durant une saison où les Giallorossi ont manqué de peu de descendre dans l’anti-chambre du football Italien. Seules satisfactions : Totti atteindra en octobre 2004, les 100 buts en Serie A et deviendra le meilleur artilleur de l’histoire du club dépassant Roberto Pruzzo. La saison d’après sera plus satisfaisant puisque la louve renaît sous la houlette de Luciano Spalletti, réuissant même à aligner onze succès d’affilée. Une fracture du péroné gauche survenu face à Empoli coupera court à une saison démarrée sur les chapeaux de roues, avec dix sept pions et dix passes décisives en 29 rencontres disputées. On croît l’idole Romaine déchue, tant cette blessure est choquante et atroce. Il Capitano reviendra quand même à temps pour participer à l’épopée Italienne au Mondial 2006, joué en terre germanique. Il est certes titulaire face au Ghana ou aux Etats Unis, mais en deçà de son optimum et diminué physiquement, il trouvera quand même le moyen d’aligner quatre passes décisives durant tout le tournoi et délivré la Nazionale, lors d’un huitème de finale âpre face à l’Australie d’un penalty transformé en prolongation. Il finira par le brandir, enfin, ce sacre international tant attendu. Il survolera la Serie A de toute sa classe et son efficacité clinique face au but, lui qui se muera en une sorte de faux neuf ou de neuf et demi, claquant 26 pions en 35 rencontres de championnat, menant la Roma à la deuxième place derrière l’Inter et à une coppa Italia et remportant le soullier d’or Européen. S’ensuivront des saisons accomplies où la Roma tiendra la dragée haute à l’ogre Interiste avant de cèder sur la dernière ligne droit de la saison, une victoire supplémentaire en coupe d’Italie en 2008 et deux finales perdues en 2010 et 2014.

On retiendra des dernières années de Francesco, ses larmes inconsolables quand il rêvait de jouer la finale de la C1 chez lui, dans son chaudron, son colisée. Un selfie retentissant dans un derby qu’il éclaboussa de toute sa classe par un doublé. Le soutien de tout un peuple, quand Spalletti eu le malheur de l’écarter des terrains. Un record établi, un soir de novembre 2014 à l’Etihad Stadium quand il deviendra le joueur le plus âgé à inscrire un but en ligue des champions à 38 ans et 59 joueurs face à Man City. On gardera en tête aussi, son entrée légendaire en huitème de finale retour de l’édition 2015-2016, sous les acclamations du public du Bernabeu et les encouragements et applaudissements de Cristiano Ronaldo et Marcelo. Il tirera finalement sa révérence un 28 Mai 2017 dans un Olimpico debout et en pleurs, comme pour saluer leur idole , celui qui laissera tomber gloire et richesse, salaires mirobolants et titres à foisson pour gagner leur amour et leur respect.
Tu aurais pu gagner une ou deux ligue des champions en rejoignant le Real, Chelsea ou le Milan. Remporter plusieurs scudetto si tu avais troqué ton numéro 10 giallorosso pour la tunique Nerrazzuri ou Bianconeri, mais tu as préféré inscrire ton nom en lettre d’or comme un symbole impérissable de la ville éternelle et de ta Roma. C’e solo un capitano et No Totti No party. Bravo Francesco, sans doute l’un des meilleurs milieu offensifs à avoir foulé les terrains de l’histoire, mais le plus fidèle des hommes à une époque où loyauté et dévouement semblent si dérisoires.
CHARIFI Younes.